1446-Enfer Vertical en Approche Rapide by Brussolo Serge

1446-Enfer Vertical en Approche Rapide by Brussolo Serge

Auteur:Brussolo, Serge [Brussolo, Serge]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Anticipation, FNA
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2011-04-02T22:00:00+00:00


On leur avait fourni un leurre pour leur interdire de se laisser mourir ! Et cette énergie se retournait contre eux. En les privant du désespoir, elle contribuait à prolonger interminablement leur agonie !

Mais les détenus pensaient-ils encore ? La machine n’avait-elle pas réussi à les ravaler au stade de l’animal ?

David se demandait s’il sombrerait bientôt lui aussi dans ce vide cérébral seulement peuplé des étincelles de l’instinct.

Il contemplait parfois l’armoire du complexe nourricier des heures entières. Il avait remarqué que cette fascination gagnait peu à peu les autres détenus. Pendu au plafond, le distributeur de sandwiches prenait des allures d’idole païenne. Il perdait sa simple fonction utilitaire pour se faire symbole. On le regardait comme on regarde un dieu taillé dans la pierre. De plus, sa position renversée, lui conférait une signification éminemment démoniaque qui n’avait rien d’étrange dans le contexte de l’enfer vertical.

Depuis la mort du « commando » qui avait tenté d’escalader l’une des machines, on craignait la colère des armoires d’acier et personne ne s’avisait plus de les traquer comme de gros pachydermes stupides qu’on peut aisément renverser sur le flanc.

On savait que l’appareil effectuait une sélection naturelle, qu’il entraînait son petit peuple à la souffrance pour lui permettre de rester en vie. En contraignant les détenus à un constant dépassement, il les rendait plus forts (!) Ainsi sous ses dehors de chevalet de toiture, le distributeur ne désirait que le bien de ceux qui l’entouraient. Ses agaceries avaient une valeur pédagogique. C’est du moins ce que commençaient à répéter certains prisonniers. (Notamment l’institutrice pyromane et criminelle) À les entendre la machine n’était l’ennemie de personne. Elle fonctionnait comme un exercice de musculation. On souffrait à son contact, mais à la fin de chaque séance on avait gagné en tonus musculaire.

– Un bon entraînement n’est jamais agréable, serinaient les gorilles qui assumaient maintenant le rôle de maîtres à penser. Au bout d’une dizaine d’étages, plus rien ne pourra vous abattre, répétaient-ils. Ceux qui n’ont pas compris l’astuce crèveront comme des chiens !

Ces naïves professions de foi amusaient David. L’aveuglement volontaire de ses compagnons dépassait tout ce qu’il avait imaginé. Subissant les tortures les plus arbitraires, ils dominaient leur désarroi en récupérant le processus à leur avantage, en se creusant la cervelle pour lui découvrir des justifications positives : la machine, tel un dieu aux desseins mystérieux, savait ce qu’elle faisait.

Il convenait de réfléchir aux épreuves imposées, et ne pas s’obstiner à les considérer stupidement comme un harcèlement sadique.

– La mère qui gifle son gosse lui fait mal, ânonnait la maîtresse d’école, mais c’est pour son bien !

– Pour-son-bien, répétait le troupeau, abruti de mauvais traitements.

David demeurait à l’écart. Il avait choisi de ne pas devenir idiot, il mourrait en connaissance de cause. Quand ? Sans doute lorsque la fatigue ne lui permettrait plus de s’arracher à l’étreinte de la boue, lorsque ses bras amaigris n’auraient plus la force de repousser les parois du cocon de vase ?

CHAPITRE VII

L’oracle

Au bout de quatre jours, le distributeur daigna redescendre de son perchoir.



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